Recherche scientifique : avec ou sans animaux ?

Un article d'Arnaud Gavard, porte parole du comité scientifique Pro Anima, extrait du n°29 du magazine Animal Santé et Bien-être.

Extrait du n°29 du magazine Animal Santé et Bien-être

Par Arnaud Gavard
Porte parole du comité scientifique Pro Anima.



Les pouvoirs publics annoncent que plus de la moitié des expériences réalisées n'utiliseraient pas d'animaux. Une bonne nouvelle difficile à vérifier certes, mais gagnée à l'arraché par des arguments scientifiques imparables : les différences biologiques fondamentales entre les espèces rendent impossible l'extrapolation des résultats de l'animal à l'homme. Le Dr Jared Bailey, généticien, a declaré : “nous ferions mieux de nous concentrer sur d'autres méthodes de recherche”. Justement, quelles sont les alternatives ?

Des progrès extraordinaires !

Aujourd'hui, il est possible de se passer d'animaux pour bon nombre de tests. Les cultures cellulaires apportent des informations précises sur les effets délétères de certaines molécules, notamment dans le cadre de recherche toxicologique (l'évaluation des molécules chimiques sur l'organisme).


Cultures de peaux, études sur organes en perfusions, toxicogénomique, imagerie médicale, etc., des techniques combinées montrent la marche à suivre. La toute puissance informatique actuelle nous permet de créer des modélisations informatiques sophistiquées : des logiciels haut de gamme permettent de déceler les éventuels effets nocifs du médicament à partir d'une simple prise de sang du patient.


Aux États-Unis, des scientifiques ont créé un dispositif de poumon sur puce électronique. Ce dispositif vivant, après de nombreuses manipulations, offre des résultats moins contradictoires que les modèles animaux.


Au Canada, des chercheurs ont inventé une plate-forme microfluide sur laquelle des vaisseaux sanguins peuvent être fixes, permettant aux facteurs favorisant les maladies cardio-vasculaires d'être étudiés en détail : cette plate-forme offre la possibilité de réaliser en condition similaire à l'in-vivo les investigations nécessaires.


En France, le comité Pro Anima propose Valitox, un programme qui permet d'évaluer la toxicité associée aux substances chimiques de manière plus efficace que sur rongeurs.

Un tabout qui a la dent dure

Cette science moderne a d'abord été portée depuis les années 80 par des pionniers affirmant qu'aucun animal ne pouvait être le modèle biologique fiable d'un autre. Il est vrai que, comme le dit le Professeur Thomas Hartung, rédacteur en chef du Magazine Altex (Alternative to animal expérimentation) : “nous ne sommes pas des rats de 70 kg, ni même des chiens ou des chats...”.


Chez les Anglo-saxons, toujours en avance, ce postulat est accepté par de nombreux chercheurs. En France, le tabou a la dent dure... L'association Pro Anima, première en France à dénoncer le modèle animal qui n'en est pas un, peine à se faire entendre par la communauté scientifique.

« D'abord, ne pas nuire »

Encore combien de temps avant de voir la fin de l'expérimentation animale ? Difficile à dire car les bonnes volontés manquent. Et c'est bien là le coeur du problème... L'industrie de la vivisection est un secteur en or et d'énormes conflits d'intérêts dont il faudrait se débarrasser subsistent.


Christiane Laupie-Koechlin, fondatrice de Pro Anima, déplore également que les comités d'éthique censés évaluer la pertinence des expériences sur animaux soient tenus par des vivisecteurs : “ils sont juges et parties !”.


Tout cela expliquerait la lenteur des procédures de validations des méthodes alternatives, pourtant indispensables, car sans validation, pas de reconnaissance légale...


Il est temps de laisser les animaux tranquilles et de s'occuper de santé humaine de manière efficace et rigoureuse en appliquant le principe du Primum non nocere. Cette locution latine qui signifie : « d'abord, ne pas nuire » est l'un des principaux préceptes appris aux étudiants en médecine...


Il ne reste plus qu'à l'appliquer.




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