« Matrix a été accueilli au sein de notre association en 2008. Il appartenait alors à un marchand de chevaux qui le plaçait comme d'autres chevaux ou poneys dans différents endroits en fonction des besoins de septembre à juin, puis les reprenait pour les envoyer en saison d'été sur les plages.
Fin juin 2009, nous étions très attachés à Matrix et nous n'avons pas voulu qu'il aille "trimer" comme un esclave. Nous l'avons donc acheté afin de lui garantir ses vieux jours.
Matrix a été notre fidèle partenaire dans la recherche de bien-être et de reconstruction des humains en situation de handicap.
Sa gentillesse et son empathie en faisaient un compagnon de grande valeur.
Matrix a manifesté son impatience il y a 4 ans et le moment était venu de lui choisir un cadre de retraite définitive. Il est depuis 4 ans dans un pré, tout proche de l'association, dans lequel il dispose de locaux pour s'abriter s’ il le souhaite, d'arbres pour se frotter, d'herbe pour se rouler… en compagnie d'une bonne amie pour lui tenir compagnie.
Nous leur rendons visite deux fois par jour pour les nourrir et veiller sur eux. »
Aujourd’hui, le pauvre Matrix a perdu beaucoup de dents et, pour lui, la mastication du foin n'est plus possible.
« Nous lui faisons des bouillies à base de fourrage que nous réhydratons à chaque distribution. »
Matrix doit recevoir une alimentation très adaptée. Malgré cela il fait régulièrement des obstructions œsophagiennes, quand un bouchon se forme dans l’œsophage et empêche toute ingestion. Cette pathologie est extrêmement douloureuse et requiert souvent l'intervention du vétérinaire.
« Certains d'entre eux peuvent être résolus par des massages locaux et par l'ingestion d'eau, mais pas tous. Le vétérinaire intervient alors pour déboucher mécaniquement en insérant un tuyau dans l’œsophage et en envoyant de l'eau tiède. »
Mais cette manipulation présente des risques… Il est tout d’abord indispensable de le tranquilliser, car, en plus de tout cela, Matrix a un gros souffle au cœur.
Et puis, il peut y avoir des séquelles, comme une pneumonie. Pour prévenir cela, Matrix doit recevoir des anti-inflammatoires et des antibiotiques durant 5 jours.
« Notre association a toujours veillé à assurer la retraite de ses "anciens". Ce choix est difficile à assumer sur le plan financier et le moindre "grain de sable" en termes de dépenses risque de la précipiter dans de grandes difficultés. »
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Clic Animaux : Bonjour Véronique, bravo tout d'abord pour tout ce que vous faites ! Pouvez-vous nous parler un peu de la mission de votre association ?
Notre association s’adresse à des personnes souffrant de maladies mentales, de handicaps physiques ou sensoriels. Ces personnes, parce qu’elles sont handicapées, connaissent des difficultés pour s’insérer dans une société qui ne leur correspond pas.
Nous aidons beaucoup d’enfants, mais aussi des adultes et des personnes âgées.
Chaque type de handicap est à aborder de manière différente, et chaque individu est unique, il nécessite une prise en charge personnalisée.
Quel est le rapport avec les animaux ?
Nous croyons que les animaux peuvent les aider. Grâce à un animal doux et confiant, un enseignement compétent et ludique, une écoute attentive, une infrastructure accueillante et sécurisante, notre association souhaite apporter à toutes ces personnes du réconfort afin d’adoucir leurs difficultés.
Comment est-ce qu'un animal peut aider une personne handicapée ?
Les poneys, les chevaux, les ânes, les chiens... Les animaux ont une empathie phénoménale. Ils savent s’adapter immédiatement à la personne qui est avec eux. Avec une personne invalide, ils vont tout de suite adopter une attitude particulière. Un cheval comme Spiderman, par exemple, d’habitude se comporte de façon « brutale » avec un cavalier « normal ». Il se transforme au contact d’une personne handicapée, tout en douceur. Au début, ça se traduit par des choses très simples, comme par exemple s'approcher délicatement de la personne, mettre sa tête dans les genoux...
En quoi consistent vos programmes ?
Nous travaillons avec des chevaux, des poneys, et des chiens, souvent sortis eux-mêmes de situations de maltraitance et / ou d'abandons. Pour un enfant handicapé, le simple fait de tenir un chien en laisse, d’avancer avec lui, s’arrêter, tourner le rend enfin valorisé, utile. Le contrôle de l’animal le rassure. En même temps, les exercices à pied représentent une activité sportive motivante. L’enfant se responsabilise et gagne en confiance en lui-même.
Et avec les poneys ?
L’approche est comparable avec un poney. Le poney et l’enfant deviennent très vite amis. La confiance s’établit. La tenue du poney à pied permet le contrôle de l’animal et, étant à la hauteur de l’enfant, ça le rassure. Les premiers contacts sur la monture se font de façon ludique. L’enfant apprend à sauter à cheval, à sauter à terre de différentes façons, à glisser du poney pour faire une roulade sur le sol, à s’allonger dessus... Ces exercices lui apportent du plaisir et par conséquent de la décontraction.
Les bienfaits apportés par « l'équithérapie » ne sont plus à prouver. L'activité équestre adaptée aux enfants en difficultés n'aura jamais pour objectif de les amener à maîtriser une technique ou à en faire des cavaliers confirmés. Ce que nous voulons simplement, c’est qu’ils y trouvent du plaisir, de la joie, du bonheur. Permettre à l'enfant de s'épanouir et de s'évader au contact de l'animal sera notre seule préoccupation.
Ces programmes sont-ils reconnus par leur corps médical ?
Attention, ce n’est pas un travail médical. Nous proposons une équitation adaptée au handicap.
L'enfant découvre le sens des responsabilités. Il se trouvera devant des choix à faire, des initiatives à prendre dans la recherche du bien-être de l'animal.
Quels diplômes avez-vous ?
Je suis instructeur sportif 2ème degré, j'ai un BFEEH - Brevet Fédéral d'Encadrement Equi Handi. Je fais ça depuis maintenant 30 ans. Je suis également expert fédéral pour le handicap.
Comment vous êtes-vous engagée dans cette voie ?
En 1987, alors enseignante, j’ai été en contact avec des personnes handicapées. J’ai trouvé beaucoup de satisfaction à travailler avec ce type de public. On reçoit beaucoup en retour.
Parallèlement, j’ai toujours une passion pour les chevaux. Je connaissais une personne handicapée dans mon entourage proche, et c’est parti comme ça.
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