Interview du professeur Béquain, Président de Pro Anima

Pour le professeur Béquain, l'expérimentation animale tue 11,9 millions d'animaux par an en Europe...

«L’expérimentation animale est dépassée

par les techniques nouvelles»

 


Clic Animaux soutient maintenant depuis plusieurs mois le combat de Pro Anima contre la vivisection. Découvrez une interview récente de Jean-François Béquain donnée à Halvard Post le 1er mars.



 

Pour le professeur Béquain, l'expérimentation animale tue 11,9 millions d'animaux par an en Europe...

Le Professeur Jean-François Béquain est le président de Pro Anima. Ce comité scientifique regroupe de nombreuses personnalités du monde de la médecine, de l'enseignement et de la recherche, pour promouvoir des méthodes substitutives à l'expérimentation animale.

Que pensez-vous des expériences sur les animaux?
Elles sont représentatives du XIXe et XXe siècle mais à l'aube du XXI eme siècle nous disposons d'un arsenal de moyens d'investigation permettant de résoudre la majorité des problèmes posés. En conséquence l'expérimentation animale est dépassée par les techniques nouvelles. Tout dépend de la volonté d'œuvrer en ce sens avec la certitude de résultats plus fiables et transposables directement à l'espèce humaine car aucune espèce vivante ne peut être le modèle biologique fiable d'une autre. Cette vérité scientifique est universellement admise: transposer les résultats d'une espèce sur une autre est une méthode empirique. Persévérer avec ce procédé revient à nier les progrès des sciences.
 
Que demandez-vous?
L'encouragement et la reconnaissance des expérimentations scientifiques sans animaux, particulièrement dans le domaine de la toxicologie.
 
Combien d'animaux sont tués suite à l'expérimentation animale?
L'expérimentation animale tue 11,9 millions animaux par an en Union européenne (chiffres 2011) et 2,5 millions en France (chiffres 2008). Aux USA on parle d'environ 2/3 millions d'animaux, mais les rongeurs ne sont pas pris en compte! Ces chiffres sont issus de données publiques car il semble plus difficile d'avoir les chiffres issus de recherches privées.
 
Existe-t-il d'autres alternatives à cette pratique?
Il existe dans tous les domaines de recherches des progrès fulgurants qui rendent l'expérimentation animale obsolète. La technologie des bioréacteurs par exemple: c'est la culture de tissus humain en trois dimensions. Les conditions physiologiquement similaires à l'in-vivo permettent de réaliser les investigations demandées... Des tissus cancéreux peuvent être étudiés et apporter des résultats plus précis que les tests sur animaux. En toxicologie, le programme Valitox/Evatox, utilise la technique de fluorescence: on crible de rayons lumineux les cellules à l'étude et après maintes manipulations on en tire des résultats sur la toxicité des molécules chimiques. Nous avons obtenu une fiabilité bien meilleure que les résultats obtenus sur rongeurs (82% pour Valitox/Evatox contre 65% sur rongeurs/Altex Volume 26, spécial issue). Dans l'enseignement il reste incompréhensible que la dissection soit toujours pratiquée alors  que des outils didactiques et éthiques existent: modèle en PVC de rats (compurats) qui permet de reproduire jusqu'à 25 actes chirurgicaux, modèle de grenouille «digital-frog» ou encore des sites qui proposent des centaines d'heures de vidéos chirurgicales commentées par des experts à télécharger. Il ne s'agit pas d'une alternative, mais d'un éventail de solutions comme le prouve le projet de la création d'un humain virtuel, à l'œuvre depuis 2008: cette collecte d'informations issues des progrès de la bio informatique et des modélisations intégrant les fonctions mécaniques physiques et biochimiques d'un organisme humain permettra aux chercheurs et aux industriels d'améliorer leur compréhension de la physiologie humaine.
 
En France, on a tendance à penser que l'expérimentation animale ne concerne que les rongeurs. Est-ce vraiment le cas?
Beaucoup de  rongeurs sont «consommés»: Il y a même des souris-thèque ou des cliniques de la souris qui proposent des souris «à la carte»: souris dépressives, souris cancéreuses, souris obèses (issus de bidouillages génétiques). Mais toutes les espèces sont concernées : chiens, chats, lapins et même des espèces proches de l'homme comme certains primates: ces espèces se révèlent malgré tout très différentes de la nôtre, en particulier pour l'expression des gènes comme par exemple le gène P450 essentiel dans le métabolisme des molécules pour les médicaments...
 
Existe-t-il des pays où l'expérimentation animale est interdite?
Non pas que je sache. Mais il y a des pays plus évolués où les lois sont plus contraignantes pour l'expérimentation animale. Par exemple dans ceux d'Europe du Nord.
 
Selon une récente directive européenne, les laboratoires de recherche ont désormais l'obligation de respecter la «règle des 3 R» (réduire, raffiner, remplacer). Qu'en pensez-vous?
Cette règle de conduite (édictée en 1959 par les Professeurs Russel et Bursh) a représenté un progrès significatif dans la prise en compte du problème éthique que constitue l'expérimentation animale. Aujourd'hui ce concept est dépassé et peut même représenter un cadre rigide duquel il est difficile de sortir. Cela devait être une phase transitoire mais pas du tout un état figé. Pour nous le seul R vraiment valable est le R du remplacement. Et celui ci tarde à venir...


Source : https://www.halvardpost.fr



 

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